Reconstruction des batiments A, D et E du lycée Ambroise Brugière, Clermont Ferrand (63)

Crédit documents graphiques : Atelier du Rouget
Lieu : 44 Rue des Planchettes, 63039 Clermont-Ferrand
Maître d’ouvrage : Conseil régional d'Auvergne
Maître d’oeuvre :
Atelier du Rouget Simon Teyssou & associés- architecte mandataire,
Atelier de Saint Céré Mathieu Bennet & associés - architecte associé
VVKH architecten, Alphonse Verheijen - architecte associé
Bet Euclid (bet structure, fluides, vrd, économie)
Bet SIGMA Acoustique (bet acoustique)
Equipe detravail : 
Simon Teyssou - architecte dplg / Mathieu Bennet - Architecte DEA / Alphonse Verheijen - Architecte 
David Schieberlein - titulaire du diplome d'architecte / Grégoire Lafarge - titulaire du diplome d'architecte 
Fabien Damas - titulaire du diplome d'architecte / Camille Barbier - titulaire du diplome d'architecte 
François Xavier Faivre - titulaire du diplome d'architecte / Jérémy Pernet - étudiant M1 
Christine Vaissière - assistante / Lamouroux Nicolas - Infographiste 3D.
Surfaces: 
5140 m² dont 726 m² coursives et escaliers extérieurs 
11 600 m² espaces extérieurs
Calendrier : Concours perdu (classé 2nd)
Montant de l'enveloppe financière : 16 000 000 € HT
Montant estimatif du projet : 14 200 000 € HT
Fiche projet : Lycée Ambroise Brugière

Reconstruction des batiments A, D et E du lycée Ambroise Brugière, Clermont Ferrand

avec VVKH architecten, Alphonse Verheijen – architecte associé

Parti architectural

« (…) la construction n’est pas un thème pouvant être envisagé à part, mais un élément essentiel de la pensée architecturale. Les espaces architecturaux étant construits avec des matériaux, nous avons besoin de concepts constructifs et spatiaux raffinés et imaginatifs, ceux-ci étant liés de manière indissociable. »

À l’échelle de la ville

Construit aux confins de Clermont-Ferrand, le lycée se retrouve au coeur des tissus urbains hétérogènes qui se sont installés autour de son emprise foncière (objets autonomes que sont les immeubles collectifs et les plaques pavillonnaires). Alors que le lycée est aujourd’hui bien desservi par le réseau routier et par l’arrivée récente du tramway qui le longe au Nord, le site apparait pourtant comme un lieu confidentiel. L’entrée du site manque singulièrement de clarté. Les édifices du lycée apparaissent comme des objets posés sur une nappe de bitume cernée par une enceinte clôturée.

Le projet de reconstruction de l’internat, de l’administration, du BTS et du GRETA du lycée Ambroise Brugière est une formidable opportunité pour articuler ce lieu d’enseignement avec la ville. Le projet a pour ambition de donner un sentiment d’urbanité. Les entrées du lycée et sa limite Ouest au site sont repensées en organisant les édifices construits (neufs et existants) de telle sorte qu’ils puissent caractériser les seuils et organiser les parcours.

À l’échelle du programme

Le projet articule 5 espaces extérieurs et 4 édifices. Une esplanade est aménagée le long du bâtiment B, au pied de la façade ouest. Ce vide linéaire devient un espace de parcours qui structure l’ensemble du projet. L’esplanade relie la rue du Docteur Bousquet desservie par le tramway à l’entrée de l’édifice 1 (administration / BTS / GRETA). Les entrées du bâtiment B s’ouvrent également sur elle. Un deuxième vide fondateur, orienté Est-Ouest, est créé entre l’esplanade précédemment décrite et la rue des Planchettes, sur laquelle est réaménagée l’entrée principale du lycée. Cette 2ème esplanade fabrique le seuil du lycée. Une voie réservée aux véhicules de service et aux habitants des logements de fonction est aménagée au Nord du site. Un accès spécifique piéton et automobile dessert le GRETA au Sud du site. Un parc arboré occupera le vide entre l’internat et les logements de fonction une fois les bâtiments D et E démolis. L’atmosphère recherchée est celle d’un lieu boisé aéré, traversable visuellement et physiquement.

L’édifice 1 est contigu au bâtiment B. Il regroupe l’administration, le GRETA et le BTS. L’entrée de l’administration, située en RDC, constitue l’extrémité Sud de l’esplanade. Le GRETA dispose d’une entrée spécifique en façade Sud et occupe la partie Ouest de l’édifice sur trois niveaux : les bureaux en RDC proches de l’entrée indépendante, les salles de classe aux deux premiers étages de l’édifice. Les salles de cours du BTS occupent la partie Est au premier et deuxième étage et la totalité du troisième étage. L’édifice 2 abrite l’internat. Son RDC comprend les espaces communs dont le foyer traversant. Ce dernier s’ouvre aussi bien sur le préau généreux qui occupe toute la longueur de l’édifice que sur le parc arboré. Les chambres, les salles d’études et les espaces de détente sont répartis dans les 4 étages supérieurs. Les chambres sont munies de meubles préfabriqués en bois spécifiquement conçus pour le projet. Le lit notamment est produit en 246 exemplaires (41 chambres de 6 lits assemblés). Ce dispositif permet de diminuer les surfaces de chaque chambre par la compacité qu’il génère (superposition des lits en quinconce). De cette logique de multiplication, associée au gain de surface global, découle une économie qui rend envisageable l’utilisation des matériaux de qualité qui le constitue (bois massif) assemblés «sur mesure», synonyme de qualité et de pérennité (à la manière de l’architecte américain Louis Kahn, qui a dessiné les bureaux de la bibliothèque Exeter en chêne massif). Ceci entraînera alors également une économie sur le long terme, évitant ainsi le remplacement fréquent dû à l’usure d’un mobilier standard de qualité moyenne (lattes de sommier par exemple). Enfin, l’édifice 3 abrite les six logements de fonction du lycée. Il occupe le Nord du site pour favoriser l’intimité des espaces habités. Les logements sont conçus selon des dispositifs bioclimatiques simples : compacité, hiérarchie des percements, plans des logements organisés selon le principe de double enveloppe qui consiste à disposer les espaces principaux au Sud et les espaces secondaires au Nord.

À l’échelle de la matière

Tous orientés plein Sud, les édifices favorisent les apports solaires passifs. Du point de vue structurel, les édifices 1 et 2 assemblent des noyaux en béton et des volumes en bois. L’édifice 3 est également construit en bois. L’architecture massive (en béton) est valorisée par sa pesanteur, sa compacité, son inertie thermique, sa capacité à contreventer les édifices, et sa matérialité. L’architecture filigrane (en bois), quant à elle, recherche la figure contraire : la fabrication d’une lisière artificielle et mouvante ouverte sur le monde. Les structures en bois sont utilisées pour capter le rayonnement solaire et la présence du paysage. Le projet proposé pose la question du devenir des forêts de la région, qui arrivent aujourd’hui à maturité, et de leur exploitation sylvicole. La démarche proposée prend acte de la transformation des paysages et invite à penser que les plantations de la deuxième moitié du XXème siècle, considérées au départ comme un moyen de remplir les vides d’un territoire en perdition, puis comme néfastes pour leur milieu, puissent aujourd’hui être regardées comme une opportunité : opportunité pour construire autrement ; opportunité pour développer une économie locale et exploiter raisonnablement les forêts du territoire ; opportunité pour valoriser le bois d’oeuvre dans la construction, en passant par les activités de première et deuxième transformations du bois récolté. Le projet proposé explore les possibilités offertes par les logiques de circuits courts tant pour ses vertus économiques qu’écologiques.

Notice architecturale

organisation et fonctionnement du projet

A – LES VIDES

Les espaces extérieurs du site Ambroise Brugière sont d’une grande pauvreté. Les accès actuels aux différents bâtiments du site ne sont ni lisibles, ni hiérarchisés. Le lycée peut être perçu comme une collection d’objets posés sur une nappe de bitume cernée par une enceinte clôturée. Seuls quelques arbres de haute tige fabriquent un semblant de qualité aux espaces extérieurs. Bien que le programme ne mette pas l’accent sur la redéfinition des sols, le projet proposé s’appuie sur la création de plusieurs vides structurants garantissant la desserte des nouveaux édifices et des anciens conservés (bâtiments B et C). La démolition des bâtiments A, D et E implique en outre de repenser les sols en cohérence avec le nouveau projet.

1. Une esplanade Nord-Sud comme instrument de liaison

Fondement du projet, une esplanade est aménagée le long du bâtiment B, au pied de la façade ouest. Ce grand vide linéaire devient un espace de parcours qui structure l’ensemble du projet tout en organisant les volumes construits. L’esplanade se termine au Nord par la rue du Docteur Bousquet et constitue l’entrée Nord du lycée en lien direct avec le tramway clermontois. Un nouvel escalier assure la transition entre les deux niveaux et favorise le déplacement des lycéens. Au Sud, elle dessert l’entrée du bâtiment 1 laquelle est précédée d’un préau formant seuil ; le rez-de-chaussée de l’édifice accueille les bureaux de l’administration, les étages sont dédiés au GRETA et au BTS. L’esplanade devient le support de parcours ponctuels pour les véhicules légers : elle se déforme pour devenir une rampe d’accès au sous-sol du bâtiment B, déportée côté Ouest. Elle constitue la limite Est du parc qui, en phase finale, occupera les sols laissés libres par la démolition des bâtiments D et E. Le bâtiment 2 dédié à l’internat et l’édifice 3 qui comprend l’ensemble des logements de fonction et la nouvelle chaufferie viennent en butée contre l’esplanade.

2. Une esplanade Est-Ouest comme séquence d’entrée principale au lycée

Un deuxième vide générateur orienté Est-Ouest est créé entre l’esplanade précédemment décrite et la rue des Planchettes, sur laquelle est réaménagée l’entrée principale du lycée. Cette nouvelle esplanade fabrique le seuil du lycée et articule 3 édifices : le bâtiment B d’origine et les édifices 1 (administration, Greta et BTS) et 2 (internat). La tension qui s’instaure entre les édifices affirme l’entrée du bâtiment B, aujourd’hui peu lisible. Orienté plein Sud, un vaste préau linéaire prolongeant le foyer situé en RDC de l’internat et qualifie la séquence d’entrée du lycée. Il est proposé de prolonger cette esplanade sur la rue des Planchettes pour fabriquer un plateau surélevé. Caractériser le seuil revient à faire ralentir la circulation automobile et à signifier l’usage piéton des abords de l’entrée du lycée.

3. Une voie de service et un accès spécifique dédié au GRETA

Une voie de service réservée aux véhicules de service et de secours et aux habitants des logements de fonction est aménagée au Nord du site. Elle dessert le bâtiment C et son quai de chargement, les 12 garages et la chaufferie attenante contenus dans le socle situés sous les logements. Elle permet en outre de rejoindre le sous-sol du bâtiment B par l’esplanade Nord-Sud. Le long de cette voie sont implantés 28 places de stationnement aériennes dont deux places PMR. Ce parking est réservé au personnel du lycée. Un accès spécifique piéton et automobile dessert le GRETA au Sud du site. La voie dessert une aire de stationnement dédiée au GRETA et au personnel administratif tout en constituant la voie échelle nécessaire à l’accessibilité de la façade Sud du bâtiment 1 par les pompiers. 18 places de stationnement sont prévues. La voie échelle se termine par un parvis implanté en contrebas du pignon Est du bâtiment 1.

4. Le parc

Un parc arboré occupera le vide laissé entre l’internat et les logements de fonction une fois les bâtiments D et E démolis. Ce parc est pensé comme la figure contraire du vaste vide situé à l’Est du lycée, entre le bâtiment B et le boulevard Etienne Clémentel, aujourd’hui occupé par la cour du lycée et le terrain sportif. Il s’agit ici de retrouver des sols perméables en supprimant les vastes étendues d’asphalte. L’atmosphère recherchée est celle d’un parc boisé aéré, traversable visuellement et physiquement. Le sous-bois est absent (gazon ras) dans les secteurs les plus traversants, et s’enrichit dans les autres secteurs (sous-bois herbacé haut). Les essences caduques au feuillage clair sont privilégiées pour conserver lumière et légèreté. Les feuillages verts tendres et floraisons blanches dominent, donnant une sensation naturelle, et sont ponctués de feuillages et floraisons rouges et/ou noires faisant échos aux couleurs des bâtiments. Des massifs fleuris bas, jouant avec ces mêmes contrastes, soulignent le bâtiment B existant et l’édifice 1 à venir. Sur ce dernier, exposé plein Sud, des plantes grimpantes caduques apportent l’ombrage estival nécessaire au confort intérieur. Le végétal n’est pas taillé et exige peu d’entretien. Il est adapté au sol et au climat et microclimats du site. La plateforme du bâtiment E est convertie en plateau sportif, conçu comme une clairière dans une ambiance arborée.

A – LES PLEINS

Les nouveaux édifices du projet sont implantés en limite des esplanades et contribuent à les qualifier. Tous orientés plein Sud, ils favorisent les apports solaires passifs. Du point de vue structurel, les édifices 1 et 2 articulent des noyaux en béton et des volumes en bois composés de planchers et de murs de façades en structure bois. Les logements sont construits en murs à ossature bois. Des murs de refend en béton assurent l’isolation acoustique entre logements tout en apportant une inertie thermique aux espaces habités améliorant le confort d’été. Tous les murs extérieurs sont à ossature bois, sauf le sous-bassement de l’édifice 1 (administration, GRETA et BTS), le rez-de-chaussée de l’édifice 2 (internat) et le socle de l’édifice 3 (logements de fonction et chaufferie) qui sont entièrement en béton pour une question de pérennité des ouvrages. Les façades supérieures les plus exposées sont bardées en zinc. Les façades abritées sont en bardage bois.

1. Edifice 1 : Administration – BTS – GRETA

L’édifice 1 regroupe l’administration, le GRETA et les espaces dévolus au BTS. Il est contigu au bâtiment B, considéré comme un tiers du point de vue de la réglementation incendie. Il est implanté orthogonalement au bâtiment B, édifice principal du lycée. Les deux édifices communiquent entre eux pour des questions de commodité : l’ascenseur implanté en pignon du bâtiment B est mutualisé. Toutefois, les portes d’isolement entre les deux bâtiments sont CF 2 heures et à fermeture automatique. Elles ne servent pas à évacuer le public. En effet, chaque édifice dispose de ses propres dégagements pour évacuer les usagers. Les niveaux de plancher de l’édifice sont identiques à ceux du bâtiment B. Située au RDC, l’administration du lycée est accessible facilement depuis l’entrée du lycée. L’entrée de l’administration est précédée d’un porche généreux et constitue l’extrémité Sud de l’esplanade. Le GRETA dispose d’une entrée indépendante en façade Sud. Les bureaux du GRETA sont situés au RDC et sont proches de l’entrée spécifique. Les salles de classe du GRETA se déploient aux deux premiers étages et occupent la partie ouest de l’édifice. Celles du BTS occupent la partie Est au premier et deuxième étage et la totalité du troisième étage. Des loggias se déploient sur la façade Sud, structure habitée proposant un espace extérieur accessible privilégié. Cette structure colonisée par la végétation favorise la protection solaire des salles de classes. Pour des questions de confort d’usage, tous les laboratoires sont orientés au Nord.

2. Edifice 2 : l’internat

L’édifice 2 abrite l’internat. Le rez-de-chaussée comprend l’ensemble des espaces communs dont le foyer traversant. Ce dernier s’ouvre sur un préau généreux qui occupe toute la longueur de l’édifice. Il anime la séquence d’entrée du lycée. Les chambres, les salles d’études et les espaces de détente sont réparties dans les 4 étages supérieurs. Un accès depuis la façade Nord, à l’Ouest de l’édifice sera privilégié pour permettre aux sportifs de haut niveau d’accéder aux 60 lits du premier étage hors temps scolaire et le week-end. A chaque étage, une loggia généreuse, orientée plein Sud prolonge un espace salon qui constitue un élargissement de la distribution des chambres. Les circulations sont éclairées naturellement, à la fois par les ouvertures qui donnent sur les terrasses extérieures mais aussi par les percements pratiqués dans les pignons. Les chambres sont munies de meubles préfabriqués en bois spécifiquement conçus pour le projet. Chaque meuble comprend 6 lits. Ceux-ci sont superposés et organisés en quinconce : trois lits donnent dans une chambre, les trois autres dans la chambre voisine qui partage la même salle de bain. Cette disposition permet d’organiser l’espace de manière optimale et de rendre plus intimes les couchages des lycéens. Des volets en bois occultent l’ensemble des chambres et rythment les façades. Ils sont facilement manipulables depuis l’intérieur des chambres. Un plan de travail est installé dans chaque chambre, en guise de bureaux pour les lycéens. Une casquette filante sur l’ensemble de la façade Sud complète le dispositif de protection solaire. Elle assure en même temps l’obstacle au passage du feu d’un étage à l’autre.

3. Edifice 3 : les logements de fonction

L’édifice 3 abrite les six logements de fonction du lycée (4 T4 et 2 T5). Il occupe le Nord du site. Son implantation, en retrait des autres édifices et ouverts sur le futur parc, garantit l’intimité des logements. Ces derniers sont par ailleurs surélevés par rapport au sol remodelé du parc. Tous en duplex, les logements sont desservis par une coursive depuis l’Ouest du site. L’édifice met à profit la topographie du terrain pour trouver des abris voiture privatifs prolongés par des caves individuelles dans un socle maçonné. La nouvelle chaufferie du lycée est également située dans ce socle ; elle sera construite avant la démolition des bâtiments D et E. Les logements sont conçus selon des dispositifs bioclimatiques simples : compacité, hiérarchie des percements (grandes ouvertures au Sud, plus petites au Nord), plans des logements organisés selon le principe de double enveloppe qui consiste à disposer les espaces principaux au Sud (séjours, chambres) et les espaces secondaires au Nord (entrées, celliers, sanitaires, salles de bain). Des séparatifs entre logements garantissent l’intimité des terrasses extérieures qui prolongent les séjours.